Sortie vélo (Parc de Sceaux par la coulée verte) du 17 juin 2021 organisée par M. Kempf : Le tour du Passé et de l’Avenir…
« L’avenir s’ouvre à pieds de biche », prédit le graffiti à l’entrée du métro Malakoff-Plateau de Vanves. Pour l’heure nous sommes tout à la joie de partir après ces deux sorties annulées, l’une en raison du confinement, l’autre à cause de la neige et du verglas. Tout à la joie mais pas tous là car seuls quinze élèves sont présents. M. Delporte nous accompagne et nous ne l’en remercierons jamais assez.
Première fake-news dans la pente de Châtillon. Un élève ferait une crise d’asthme, me prévient une cycliste (valeur du conditionnel. Cf Phid(ia)s. Le d ? Doute ! Bravo !). Le pire est envisagé mais chacun arrive à son rythme. M. Delporte nous laisse à l’entrée du Parc de Sceaux. A peine est-il parti qu’un dérapage mal contrôlé d’un élève laisse l’organisateur désemparé et sans voix. L’élève s’en tire avec des égratignures. Ouf !
Dès lors, place à l’Histoire : Le mémorial des victimes alto séquanaises de la shoah. Sequana, ae, m : la Seine ! Retenons un nom : Pourquoi pas Anna Lasky de Courbevoie ? Le mémorial se mérite : un arbre signale son entrée. Il faut fouler une prairie et là de grandes silhouettes pétrifiées accueillent le visiteur. Puis place aux Arméniens dont l’aigle à corps d’homme rappelle le génocide en 1915. Après ce sinistre XXème siècle, retour à ce plus léger XVIIIème siècle avec le pavillon de Hanovre, la guerre de 7 ans et le neveu de Richelieu.
Quel plaisir de retrouver ces grandes perspectives, ces allées bordées de peupliers conçues par Le Nôtre! Le grand bassin a un plan de cathédrale. Sans piliers, sans tours, sans clochers, sans arcs-boutants et sans risques d’incendie. Tiens, c’est nouveau : un petit pont de bois permet de passer d’un bord à l’autre du canal. Voici l’octogone ou un trio d’oies grenaches glisse sur l’eau lisse. Il y a même un accipiter nisus, épervier d’Europe mais pas de sciurus vulgaris, ce rouquin d’écureuil !
Un homme est assis sur un banc et regarde le groupe, amusé. C’est un ancien du bâtiment. Très technique : Le perré, la lentille, ça lui parle. Ce génie civil et courtois est désormais rangé des voitures pour lesquelles il a construit, dans les années soixante-dix, des autoroutes, des ponts, un peu partout sur la planète. Il joue maintenant au golf après avoir connu les beaux jours du BTP à l’étranger. Jeddah, Lagos. Où il fallait fermer les portières de l’intérieur au feu rouge. Où des gangs déménageaient (euphémisme pour pillaient) des quartiers entiers. Avec des pieds de biche ?…
Pause au kiosque de la Grenouillère. Nous rencontrons Romain de Lisieux. 33 ans. Collier de barbe, les manches retroussées, il s’active sur son ordinateur, attablé à l’ombre des grands platanes. Il a arrêté le collège en fin de sixième, a passé un CAP dans la restauration et il travaille comme commercial pour une marque de peinture « bio », faite entre autres d’algues. « Pas besoin de diplôme quand on veut travailler. » Il ne signe que des CDI. « Quand on a un bébé, on a besoin de sécurité. ». Aujourd’hui les masques ne sont plus obligatoires. On entend encore des « mince, j’ai oublié mon masque ! » au kiosque de la Grenouillère où les galettes complètes transportent les clients en plein pays breton, où dans les forêts courent de jolies biches…
M. P. Kempf